Quelles sont les connaissances que nous souhaitons transférer et que nous désirons voir les gens utiliser? Quelles connaissances permettront de réduire le fossé entre la situation actuelle et la situation souhaitée?
La connaissance à transférer devrait avoir été choisie en fonction de besoins particuliers exprimés par le public cible ou l’organisation. Peu importe les connaissances choisies, celles-ci s’intègreront à un degré variable aux valeurs et aux pratiques habituelles de l’organisation. Les connaissances peuvent être catégorisées selon leur type : savoir, savoir-faire ou savoir-être.
Le « savoir » représente l’ensemble des connaissances théoriques provenant de la recherche, telles celles décrites dans les articles scientifiques, les guides de pratique ou dans les manuels d’instruction.
Le « savoir-faire » quant à lui, représente le développement de pratiques, d’habiletés ainsi que de techniques d’intervention.
Finalement, le « savoir-être » correspond à la capacité de réflexion sur soi ainsi que sur les autres, la réaction aux situations qui nous entourent. Il s’agit plutôt d’un savoir axé sur la gestion de soi, sur les valeurs, les croyances et les attitudes.
Certaines activités de TUC facilitent le transfert des savoirs alors que d’autres activités devraient être privilégiées lorsque l’on désire transférer des savoirs-être ou des savoirs-faire. Les savoirs peuvent être facilement transférés à autrui par le biais de la parole ou de l’écriture. Ils sont clairs et précis et ont généralement un niveau de formalisation élevé. Par exemple, alors qu’une formation magistrale peut très bien convenir pour transmettre des savoirs, celle-ci s’avère moins efficace pour le transfert et l’utilisation d’un nouveau savoir-faire.
Les savoirs-faire quant à eux, tout comme les savoirs-être, sont plus faciles à transmettre à de petits groupes. Ces derniers relèvent plutôt de l’intuition et sont beaucoup plus complexes à transférer étant donné leur lien étroit avec l’expérience personnelle. Puisque les savoirs-faire et les savoirs-être sont généralement peu formalisés il sera parfois nécessaire dans un premier temps de les transformer, donc les coucher par écrit afin de les rendre transmissibles et accessibles. Dans un deuxième temps, le transfert de ce type de connaissances est généralement plus efficace par le moyen d’activités où les possibilités d’interactions sont plus grandes (coaching, groupe de codéveloppement, supervision, etc.).
Le niveau de validation empirique peut s’avérer un facteur déterminant dans l’adhésion du public cible envers les connaissances à utiliser. En effet, pour certaines personnes, un haut niveau de validation empirique est crucial, alors que pour d’autres, c’est plutôt la validité « pratique » qui est déterminante. Croisée à une analyse des caractéristiques du public cible, l’adéquation avec le niveau de validité empirique peut vous aider à anticiper certaines préoccupations du public cible ou, au contraire, à identifier certains leviers.
Un dernier élément à considérer a trait à l’arrimage des nouvelles connaissances avec celles acquises dans le passé. Plus l’écart entre les connaissances transférées et les pratiques habituelles est grand, plus le risque de rencontrer des préoccupations chez le public cible augmente. Il ne faut pas oublier que chaque organisation est également porteuse d’un système de valeurs et d’orientations. Ces valeurs ne correspondent pas nécessairement aux valeurs individuelles du public cible, mais elles doivent être prises en considération afin de s’assurer que le changement proposé soit bien arrimé aux besoins et aux intérêts de l’organisation. Il est donc important d’évaluer à quel point les nouvelles connaissances s’intègrent aux pratiques habituelles et aux valeurs organisationnelles déjà en place, et ce, avant même de mettre sur pied des activités de TUC.
Chaire d'étude sur l'application des connaissances dans le domaine des jeunes et de familles en difficulté (2015). "La connaissance à transférer et à utiliser". SACO - Stratégies de transfert et d'utilisation des connaissances. Montréal : Chaire CJM-IU-UQAM d’étude sur l’application des connaissances dans le domaine des jeunes et des familles en difficulté. En ligne : http://www.saco.uqam.ca/demarche/analyser/connaissances-a-transferer (consulté le xx/xx/xxxx).